Superman : le film (1978)

Superman : le film (1978)
Diffusion : 15 décembre 1978 aux Etats-Unis / 26 janvier 1979 en France
Synopsis : Les origines de Superman et ses premiers pas en tant que héros à Metropolis et journaliste au Daily Planet.
Durée :
Box Office US : 134 218 018 aux Etats-Unis / 300 218 018 Monde
Box Office FR : 2 630 507 entrées
Réalisé par :
Ecrit par :
Avec

Lois Lane :
Lex Luthor :
Et
Thématiques : , ,

HISTOIRE 75%
MISE EN SCENE 80%
SUPERMAN 75%
CASTING 70%
NOTE FINALE 75%

Considéré comme le film fondateur de tous les films de super-héros, Superman The Movie fut une aventure incroyable pour toute l’équipe, que ce soit  Salkind, Donner ou Reeve.

Batman fait les beaux jours de la télé avec la série kitsch avec Adam West. La série avec George Reeves s’est terminée brutalement avec la mort de l’acteur principal il y a plus de vingt ans et Superman échoue en version animée dans des cartoons d’une qualité douteuse.

Alexander Salkind et son fils Ilya, producteurs, tentent le pari fou : adapter Superman sur grand écran. Obtenant les droits pour une durée de 25 ans. La fin des droits correspond à la mise en oeuvre du Superman de Tim Burton en 1998. Leur dernier succès étant Les Trois Mousquetaires de Richard Lester, les Salkind pensent que l’heure est venue de proposer des films d’aventure épiques, des héros modernes et d’empocher les millions.

Ils se tournent donc vers Superman. A la recheche de l’histoire parfaite, ils engagnent plusieurs scénariste qui se succéderont et se casseront les dents. Certains issus du western n’ont aucun atome crochu avec le superhéros, d’autres ne sont pas intéressés. Mario Puzo sera la providence. L’auteur de Le Parrain va alors donner tout son talent pour proposer uns cript de qualité, honnête, riche et surtout d’une qualité semble t-il irréprochable.

Le projet semble sur de bons rails mais… aucun investisseur n’est derrière. Superman n’est pour l’instant qu’un film d’auteur indépendant. POur attirer les boites, les Salkind commencent à prospecter des grands noms, porteurs à Hollywood. La machine s’emballe, Marlon Brando et Gene Hackman sont intéressés. Des propositions de salaires sont faites et les producteurs affluent.
Le film a un script (plutôt conséquent de 600 pages), un casting de noms mais aucun rôle titre et aucun réalisateur. Les Salkind pense à Steven Spielberg mais Les Dents de La Mer n’es pas encore sorti et le doute est permis (pour l’époque).

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Leur attention se tourne vers Guy Hamilton qui a tourné les trois derniers James Bond. Tout semble bien parti. Le tournage devra se dérouler en Italie. Pas de chance, Brando est persona non grata dans ce pays à cause de son film sulfureux Le Dernier Tango A Paris. Le tournage est alors déplacé à Londres mais Guy Hamilton ne peut pas. Les taxes instaurées dans le pays et le système en place ne peuvent pas permettre à Hamilton d’être sur les terres anglaises plus de trente jours. Retour à la case départ.

Richard Donner vient de réaliser The Omen – La Malédiction et a permis de renflouer les caisses de ses producteurs avec un budget ridicule. C’est l’homme de la providence pour les Salkinds. Seul bémol : le script de 600 pages est trop gros pour Donner, il réalisera le film s’il peut le réécrire. Les Salkind acceptent. Tom Mankiewicz est engagé. En tant que grand ami de Donner, Mankiewicz va alors profondément remanier le travail de Puzo et décanter la moitié des pages. Il ne reste alors qu’un seul challenge aux Salkind : trouver Superman.

Après avoir considéré Arnold Schwarzenegger (qui ne parlait pas encore très bien anglais) ou d’autres culturistes, les Salkind souhaitent une star. Warren Betty dit non, Steve McQueen aussi, Clint Eastwood était occupé, Christopher Walken n’a pas la tête d’un Superman mais d’un Luthor, Charles Bronson, James Caan, Ryan O’Neal, Jeff Bridges, Kris Kristofferson ont été considéré mais oublié ou effrayé par le rôle.

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L’aura des stars pouvait cannibaliser le rôle titre et même Stallone, intéressé, était trop italien pour le film. Muhammad Ali. Le célèbre boxeur était sur la liste des prétendants. Le père Salkind était sûr de son coup quand son fils lui a révélé qu’Ali était… noir.

Quand pratiquement toutes les possibilités ont été permises, le constat était clair : personne ne souhaite vraiment se coller l’étiquette de Superman. Les destins professionnels et personnels de Kirk Alyn ou George Reeves n’ont pas aidé à cette conclusion et seuls ceux qui n’ont pas montré leur visage (Bud Collyer) ont plutôt bien géré l’après-Superman. Les Salkind reprennent une bouffée d’air frais quand Donner trouve en Christopher Reeve, la perle rare.

En 1977, Christopher Reeve, Margot Kidder et tout le casting est fin prêt. Le tournage prend son temps, le script tend à être divisé en deux films. Les Salkind sentent le filon. Mais la bonne humeur sera de courte durée. L’équipe technique multiplie les plaintes envers les producteurs. La raison ? Ils ne sont pas payés. Les plaintes dureront jusqu’à la fin du tournage. La relation entre les Salkind et Donner sont au plus bas. Richard Lester est appelé en médiateur. Les essais d’effets spéciaux se passent très mal, les techniques sont encore balbutiantes. Christopher Reeve se croit déjà une star, Brando ne veut pas apprendre ses lignes (il collera des post-its partout sur le décor et même le front de sa partenaire qui joue Lara), Hackman ne veut pas raser sa moustache (Donner qui en avait une aussi lui a fait croire qu’il la raserait s’il faisait de même. Une fausse moustache a eu raison du pari…).

Le tournage se termine, la date de sortie a été repoussée plus d’une fois, il est temps de passer au marketing. Un premier teaser débarque. La police et le style utilisés font mouche. Les Salkind voudront adopter cet esthétique pour le générique de début ! Il restera comme un modéle du genre.

Le film sort sur les écrans et les premiers chiffres sont encourageants. La pause entre les deux tournages permet à tout le monde de souffler. Donner a tourné 75% des scènes de Superman II et tout semble parfait. Mais les vieilles rancoeurs liées aux impayés refont surface. Richard Donner sera débarqué du tournage du second par simple courrier.

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La Critique

Version critiquée: remasterisée de 2000

Le classique du film de superhéros, l’incontournable, le premier vrai film sur Superman, le plus connu et pourtant… On en a entendu des choses sur ce film, sur l’intouchable film de Richard Donner et pourtant…

Je ne porte pas Reeve dans mon cœur pour des raisons purement physiques. Son sourire me rappelle que je ne l’aime pas. Il est impeccable dans le rôle de Superman, il a la stature, le charisme mais il doit rester stoïque. Ses mimiques ne me font guère apprécier l’acteur. De plus, entendre toujours parler de Reeve comme le Superman éternel n’est pas des plus judicieux. En même temps, y’a-t-il eu des concurrents ? Non. Le plus souvent c’était à l’écran de télévision et de vous à moi à part Lois et Clark, citez-moi un acteur qui a joué Superman dans son costume ? Voilà. On ne connait que peu d’incarnations véritables ! Superman Returns a été le seul concurrent officiel et donc il était déjà dans la ligne de mire et pouvait par défaut prétendre à la seconde place.

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On reproche beaucoup de choses à Returns mais en voyant Superman The Movie pour la troisième fois de ma vie (et quasiment  depuis 10 ans), j’ai eu une illumination. Ce film n’a rien de plus que l’aura du classique autour de lui, tout le reste est presque contestable. En bref, on critique le scénario de Returns mais celui de The Movie est carrément à la ramasse. Quand on sait les problèmes immenses d’écriture, de réécriture, de production et de tournage, The Movie montre bien les séquelles d’un projet casse-gueule.

Le film commence sur Krypton, les décors sont sobres, paraissent immenses (maquette puis fond noir, certes) et Marlon Brando arrive. Les scènes sur Krypton sont quasi Shakesperiennes, la troupe d’acteurs puise leur intervention et leur jeu dans les grandes tragédies. Brando qui ne voulait pas apprendre ses lignes, met un temps fou à les dire. Krypton explose, la phase 2 du film commence. Le plus drôle c’est qu’on nous présente trois personnages que l’on ne retrouvera pas de tout le métrage alors que les 40 minutes suivantes ne présenteront aucun enjeu formel…
La navette s’écrase devant Jonathan et Martha, en sort un jeune enfant au physique ingrat. Je ne comprends pas comment on a pu choisir ce gosse…

15 ans après on suit Clark ado à Smallville. Tiraillé par les affres de l’adolescence, il est rejeté par ses camarades de lycée. Le film prend alors un rythme effréné, en deux évènements (la mort de Jonathan et l’appel du cristal) Clark décide de quitter la ferme en deux temps trois mouvements. L’aspect dramatique est carrément néant. Aucune scène de trauma, aucune explication sur le cristal, le lien que Clark a avec lui et surtout on éclipse toute implication familiale. Clark ira donc vers le Pôle Nord pour y construire sa Forteresse. Soit. On passe sur le gigantesque plot hole. Devant le fait accompli, le spectateur reste stoïque.

La Forteresse dressée, Clark passera 12 ans à apprendre les rudiments de… la vie. Ses parents n’ont donc pas su l’éduquer correctement. Jor-El lui enseigne ce que la Terre lui offrira. Même des natifs de cette planète n’ont pas réussi à faire de Clark un homme droit ? Curieux. Mettons ça sur le compte du mystère entourant les origines de Clark mais mettre 12 ans pour apprendre à être Superman, il doit y avoir beaucoup de conditions à respecter (et à transgresser en un rien de temps en fin de film)
Sur ses 12 ans, Clark semble avoir découvert, appris et maitrisé ses pouvoirs mais pas un seul mot là-dessus. Clark arrivera à porter son costume et partira de la Forteresse en volant.

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Vous appelez ça une introduction carrée ? Les origines ont été beaucoup de fois mises en scène, remaniées, remixées mais clairement, ces origines dans Superman The Movie sont très bancales. Les scènes sont des portraits de situations mais il n’existe quasiment aucun lien tenace entre elles. La suite du film n’est pas en reste. Clark Kent débarque au Daily Planet, Lois est en perdition, Superman vient la sauver, puis décidera de sauver tout le monde en cinq minutes dont un chat. Lois a été le déclic pour exposer son identité, sa force et ses pouvoirs à tout le monde et régler son compte à bon nombre de personnes. Beaucoup de mauvaise foi peut-être dans cet article mais il souligne le sentiment que j’ai eu devant le film qui a beaucoup de faiblesses et de facilités. Le script est superbancal.

Quand Lex menace la ville avec deux missiles pour mettre en péril Superman, il sait déjà tout sur Krypton et la Kryptonite alors que l’entretien de Lois avec Superman n’a duré que le temps de trois questions… dont une sur sa propre lingerie.

Ce qui fait la réputation du film est l’alchimie entre Superman et Lois, l’incarnation des deux acteurs inconnus à l’époque. On oublie un peu trop facilement tout ce qu’il y a autour. La magie des scènes de vols (Beaucoup plus réussies finalement que celles de Returns pour les décollages et atterrissages) ont fait toute la réputation du film. A ce titre, la séquence Can You Read My Mind est un sommet de mauvais gout. Mal écrit, mal mise en scène, mal… faite ? Je ne sais pas, ça sonne faux.

Je compare à Returns mes principaux arguments mais parce qu’on reprochait à Returns un manque cruel d’action alors que le film de 978 ne contient qu’un climax assez mou du genou, peu d’actions. La tension ne concerne finalement qu’un personnage qui n’a d’importance que via sa relation avec Superman. L’enjeu final -sauver la terre- n’est que secondaire. Superman a compris que Luthor était une menace importante alors qu’il n’est qu’un criminel de bas étage vu ses agissements assez pauvres durant le film mis à part les missiles. La faiblesse de son plan n’a d’égal que la faiblesse de sa scène avec Superman où la Kryptonite semble vraiment affaiblir et rendre bête Superman comme jamais.

Je suis trop méchant me direz-vous mais j’ai toujours eu tendance à ramener les classiques à ce qu’ils sont au départ : des simples films. L’aura autour d’eux fausse grandement mon appréhension et je me base donc sur une échelle de valeur différente dès le départ. J’ai beau démonter le culte autour de Superman The Movie, il n’en reste pas moins une interprétation, une mise en scène et un rythme particulièrement exemplaires. Le film propose un schéma narratif différent de l’époque peut-être puisque le film n’a pas encore fait apparaitre Superman que l’on est déjà à 1h20 de métrage! Il y a cette naïveté du premier film de superhéros au moment où le premier Star Wars avait envahi les écrans. Oui Superman The Movie est culte mais il n’est pas exempt de bien des défauts qui m’ont profondément gêné.

Christopher Reeve, Gene Hackman et Margot Kidder sont formidables dans leurs rôles, ils prennent plaisir à jouer et ça se ressent. Le petit côté léger qui ressort du film rend tout de suite l’entreprise moins bancale. Il manque juste un peu plus d’audace qui semble avoir été annihilée par l’ambition démesurée des producteurs qui ont saboté le projet de bout en bout en voulant trop en faire et en négligeant l’essentiel.

Superman The Movie restera une adaptation essentielle du mythe Superman mais n’a clairement pas ma préférence dans les nombreux autres titres critiqués sur Man Of Screen. Superman II sera déjà quelque chose de nettement mieux abouti alors que curieusement le projet était encore plus bancal.

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Bande-Annonce Vo